C'est à travers cette dernière approche que M. Foucault
a montré dans son "Histoire de la folie à travers l'âge classique " (1961), que celle-ci
n'aurait reçu son statut de maladie mentale qu' à la fin du XVIIIe siècle avec P; Pinel et
les premiers médecins aliénistes européens de cette époque.
Ceux-ci ont en effet cherché à classer les troubles de l'Esprit,
en imiatnt les méhodes des botanistes ou des zoologistes, pour les rérérer ensuite dans une
grille nosographique et les faire apparaître comme des maladies spécifiques, sur le modèle
de la pathologie médicale.
Ils ont également, en créant L'Asile, avec J. E. Esquirol
et la loi de 1838, donné un lieu de traitement à la Folie, un lieu enfermé où les malades
sont observés pour de longues descriptions cliniques, et gardés jusqu'à leur mort pour être
autopsiés.
La "Vérification des Corps", ne permet pas cependant,
sauf dans le cas de la paralysie générale, de trouver des causes organiques aux affections mentales.
Celles-ci sont néanmoins considérées comme des maladies
organiques à partir de 1845 ; et à défaut d'une étiologie Somatique indiscutable, les
aliénistes se rabattent sur la notion de maladie héréditaire dont la doctrine de la Dégénérescence
est le support théorique (Morel B., Magnan V.)
Ainsi, à partir de Pinel qui a retiré progressivement de
son langage médical le terme de folie, cette dernière perd ses caractères d'expérience
"existentielle" anthropologique pour ne plus être qu'une maladie.
C'est de cette manière qu'elle peut s'inscrire dans le discours
rationnel inauguré par l'aliéniste, et dominé par les trois grands impératifs naturalistes
; observer, définir ( en dlassant, en diagnostiquant) et traiter.
Comme l'a montré T. Longé, l'isolement apparaît alors
comme "l'Outil indispensable à la création de l'Objet" médical qu'est devenue la
folie, et à son étude scientifique.
On passe ainsi du Anthropologique, social et juridico-policier (pour la
folie dangereuse et délinquante)
au cadre de l'enfermement asilaire appliqué à la
catégorie aliénation-maladie.
Par l'outil-isolement, celle-ci peut donc trouver sa place dans
un discours purement médical où le médecin devient le seul maître de sa reconnaissance,
de son diagnostic et de son traitement.
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