Elle répondit en criant ces mots : 

"Non ! C'est une maison haïe de Dieu, où des hommes sont tués, où le sol est rouge de sang !"

Les vieillards échangèrent des regards effrayés. 

Du sang, des hommes égorgés, c'était à cela qu'ils pensaient eux aussi, au sombre passé avec sa promesse d'un avenir plus sombre encore.

Comment pouvait elle connaître ce passé ?
 

"J'entends pleurer des enfants" gémit -elle  !
Leurs plaies sanglantes les font crier,
Un père assouvit sa faim, de la chair de ses enfants".


 
 

Thyeste et ses fils... Comment en avait-elle entendu parler ?

Des mots sans suite passaient toujours ses lèvres. On eut dit qu'elle avait vu tout ce qui s'était passé dans cette maison bien des années auparavant, assistant à une mort après l'autre, chacune d'elle un crime et toutes préparant de nouveaux crimes.

Alors, du passé, elle se tourna vers l'avenir. Elle cria que ce même jour, deux autres morts dont la sienne s'ajouteraient à la liste.

"J'accepte de mourir", 
dit elle, se dirigeant vers le palais.

Ils tentèrent de la retenir, de l'empécher de pénétrer dans cette maison sinistre, elle ne voulait rien entendre ; elle entra, et sur elle les portes se refermèrent à jamais. 
Le silence qui suivit son départ fut soudain rompu et de façon terrible : un cri se fit entendre, la voix d'un homme à l'agonie :

"Dieu, je suis frappé ! C'est un coup de mort !"  ...... 


 


Puis, à nouveau, le silence.

Les vieillards terrifiés, abasourdis, se serrèrent les uns contre les autres. C'étaient la voix du Roi.

Que fallait il faire ?
 

"Il faut que nous sachions."
dirent ils. 

Mais la hâte n'était plus nécessaire. Les portes s'ouvrirent.
 

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