La Métis 

2) La Sagesse Pratique

Comment au fond penser la Sagesse pratique, lorsqu'on lui prête un aspect Pulsionnel, issu d'une énergie motrice inconsciente ?

Il faut souligner que S. Freud, désignant les Pulsions de Vie, les regroupa sous le terme de l'Eros (par opposition aux Pulsions de destructions).

Mais qu'est ce que L'Eros pour ce philosophe de l'Antiquité ?

Cet aspect profondément Philosophique se voit ici présenté
par l'intermédiaire du "Banquet" de Platon et de "La République".

L'Eros désigne l'idée de l'Amour ; un amour qui est guide de la conduite humaine en sa finalité. La Conduite étant à générer sous le sens principal d'une Morale non religieuse mais plus proche de celle de la Loi en une idée politique et donc sociale, l'Amour se doit être Philosophe, recherchant et guidant l'Individu vers le Beau (agathos) ou ce que l'on peut appeler dans cette pensée : la Connaissance et, par ce Biais la Mémoire : le Devenir de l'Homme vers ce qui est Juste (Loi, Juste= Justice, Beau, Bon= Bonheur).

L'idée de l'Amour, se doit penser comme non un sentiment mais une quête qui conduit l'Etre vers ce qui lui est apaisant et non lié aux troubles.

C'est pourquoi, dans cette pensée Antique, Platon désigne l'Amour, au sens propre, comme un démon, comme un être intermédiaire entre les mortels et les immortels car il est : Mélange, ce qui se mèle (mixtus).

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(203b)

L'Amour est le fruit de Pénia (pauvresse) et Poros. Poros est le fils de Prudence : Métis.

L'Amour est donc pauvre, indélicat et rude, conduit par le Besoin éternel. Il ne cesse d'inventer des Ruses ; il est désireux du Savoir et sait trouver les passages qui y ménent, il emploie à philospher tout le temps de sa vie, il est merveilleux sorcier, et magicien, et sophiste.

Tantôt il fleurit, tantôt il meurt dans la même journée ; puis il revit. Mais, tout ce qui passe en lui  sans cesse lui échappe ; aussi l'Amour n'est il jamais ni dans l'indigience ni dans l'opulence".

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L'Amour n'est pas Beau, il est Amour de la Beauté, pris entre le Savoir et l'Ignorance, il est aspiration vers le Bien (sous entendu le Bien Vivre, celui qui est en "communion"= apaisement= animal social ). Le Bien amène le Beau : ce qui améne à sortir de Soi : l'Extase.

"Ce qu'on aime, c'est ce que l'on a pas" ; "si l'on s'aime soi même, on aime ce que l'on est pas".
L'Amour est toujours absent et toujours suscité.

Sa quête est celle de l'Immortalité. C'est pourquoi il est un démon inventif, prêt à se sacrifier pour obtenir son but. Son but ne se trouve pas dans la laideur ou la stupidité mais dans l'Intelligence.

Le premier degré de l'Amour est : l'attachement sensible dû à la satisfaction des appétits et de l'Affectivité.

Le second degré fait saisir ce côté matériel, ce qui n'est que "le reflet de l'Ame" ou l'image aux regards.

Le troisième degré conduit vers l'Ame et donc l'idée de la Beauté spirituel plutôt que matériel ou corporel.

Ce stade dernier désigne l'Amour comme Accomplissement, c'est à dire : celui qui est rempli, celui qui est achevé.

L'Amour est donc à la fois celui qui rempli la Vie, conduisant l'Etre vers son accomplissement ou sa destinée, c'est à dire son But.

 

  Comme vous pouvez le constater,  l'ensemble des propos datant de -400 avant notre calendrier actuel reste toujours, semble t il proche de notre réalité. 

Pour résumer cette idée Politique de Platon, paradoxalement, les mots d'Arsitote, bien que souvent opposés à ceux de Platon, dessinent semble t il le mieux sa pensée :

Il faut alors, considérer l'idée de l'Amour non comme Amur, celui qui est lié au sens mais comme Philia, dans un ordre Politique, c'est à dire comme un lien social permettant d'accéder au but du  "KalosAgathos" : le Bien vivre de l'Homme Bon .
 

*Il sera évoqué lors de l'édition du  sujet personnel portant sur la Ruse,  la vision d'Aristote et de la Prudence, en l'idée de Métis.

 

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