C'était une contrée enveloppée
de brumes et de nuages, où la lumière du jour ne pénétrait jamais, sur laquelle la
splendeur du soleil ne s'étendait jamais, ni à l'aube, à l'instant où il s'élève
dans le ciel étoilé, ni au crépuscule, quand il revient du ciel vers la terre. Une nuit éternelle
recouvrait ce pays mélancolique.
Mais sauf cette exception, tous ceux qui vivaient au-delà
de l'Océan connaissaient un bonheur extrême. Au delà du Nord le plus lointain, si loin qu'on
le situait derrière le vent du nord, se trouvait un pays enchanteur, celui des Hyperboréens.
On ne connaissait pas nulle route, terrestre ou maritime,
menant à ce lieu merveilleux, mais les Muses vivaient non loin de ce peuple privilégié, et
ceci explique cela.
Car partout on voyait danser des jeunes filles, on
entendait résonner le clair appel de la lyre et les notes mélodieuses des flûtes.
Entrelaçant leurs cheveux de lauriers d'or,
les Hyperboréens festoyaient joyeusement et jamais la mort ni la maladie n'approchaient cette race aimée
des dieux.
Tout au sud se trouvait le pays des Éthiopiens
dont nous savons seulement que les Dieux les tenaient en telle faveur qu'ils ne dédaignaient pas de s'asseoir
parmi eux au cours de leur festins.
Le séjour des ombres des justes se situait lui
aussi sur la rive d'Océan ; l'hiver y était doux, jamais la neige ne le recouvrait, pas plus qu'il
n'y tombait de pluie ; mais soufflant d'Océan, le Vent d'Ouest chantait d'une voix douce et émouvante
afin de consoler les âmes des hommes.
C'était là que venaient, après
avoir quitté la terre, ceux qui s'étaient gardés purs de tout mal.
Ils ont pour gaie compagne, la vie à jamais
libéré de labeur.
Jamais plus leurs fortes mains ne creuseront
la terre ou la mer
Peinant pour leur arracher une nourriture qui
ne rassasie pas.
Parmi ceux que les dieux honorent ils vivent à
présent
Une vie qui ne connaît plus de larmes.
Tout était maintenant prêt pour l'apparition
de l'Humanité, même les lieux où bons et mauvais devraient se rendre après leur mort.
Le moment était venu de créer l'homme
et plus d'une légende se charge de nous raconter comment la chose se passa. Selon les unes, les dieux déléguèrent
à cet effet Prométhée - le Titan rallié à Zeus.