Cette vengeance, que serait elle ?

Jour après jour, elle se posait la question. Il fallait qu' Égisthe mourût, le tuer seul ne satisferait pas la Justice.

Son crime était moins noir que celui d'une autre. La Justice, exigeait-elle qu'un fils ôte la vie d'une mère pour venger la mort d'un père ?

Elle passa les jours amers des longues années qui suivirent à rêver ainsi, sombrement, tandis que Clytemnestre et Égisthe gouvernaient le pays.
Devenu adulte, Oreste jugeait la terrible situation plus clairement que sa soeur. Pour un fils, c'était un devoir de tuer les meurtriers de son père, un devoir qui passait avant tous les autres. Mais un fils qui tuait sa propre mère devenait un objet d'horreur tant pour les hommes que pour les Dieux.

Une Obligation sacrée se trouvait ainsi doublée d'un crime odieux et celui qui n'aspirait qu'à bien faire se voyait ainsi contraint à un choix meurtrier de sa mère.
Torturé par le doute, Oreste se rendit à Delphes pour implorer le secours de l'Oracle.
La réponse d'Apollon fut sans équivoque ; il lui ordonna :
 

"Tue ces deux là qui ont tué 
Rachète la mort par la mort.
Répands le sang pour le sang répandu".


 
 

Alors Oreste comprit qu'il n'avait plus qu'à supporter à son tour la malédiction de sa maison, à exiger vengeance quitte à la payer ensuite de sa propre perte.
Il retourna dans la demeure qu'il n'avait plus vue depuis son enfance et avec lui vint Pylade, son ami et cousin. Tous deux avaient grandi ensemble et une amitié exceptionnelle les attachait l'un à l'autre.

Électre sans rien savoir de leur venue, guettait cependant l'horizon. Elle passait ses jours dans l'attente d'un frère qui lui apporterait l'unique espoir de sa vie.

Un jour, sur la tombe de son père, elle fit une offrande au mort et pria :
 

"O père, guide Oreste vers ta demeure".

Et soudain, il fut à côté d'elle, l'appelant sa soeur et lui montrant pour preuve le manteau qu'il portait, qu'elle avait tissé de ses mains et dans lequel elle l'avait enveloppé quand il était parti.

Mais elle n'avait aucun besoin de preuve, et s'écria :

"Ton visage est celui de mon père !"

 

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