Héros référentiel de la paix,
de la concorde et de l'éternité, homme qui a côtoyé la mort et les enfers sans les craindre,
Orphée a été annexé par les artistes chrétiens dès les premiers siècles,
au point qu'il est devenu une image du Christ, bon pasteur, qui charme les animaux, apaise les tempêtes avec
sa lyre de poète, lui aussi : mort et ressuscité - revenu des enfers.
La théogénie Orphique, en effet, diffère
sensiblement de la théogénie hésiodique et traditionnelle.
le Monde est né d'un oeuf ; la partie
supérieure de la coquille devint le ciel et l'inférieure la terre, puis se succédèrent
les dieux originels, et enfin Zeus, uni à sa fille Perséphone, eut un fils Zagréos, appelé
à régner sur le monde.
Mais ce fils fut dépecé par ses ennemis
; mais il fut ressuscité par son père.
Selon la doctrine Orphique, l'âme est immortelle
; elle habite un corps mortel, marqué par le péché, souillé par les crimes de multiples
générations.
Après la mort, l'âme se réincarne
soit dans une autre enveloppe humaine, soit dans le corps d'un animal, et ainsi de suite.
Au cours de ses transformations successives, elle se
nourrit des riches expériences que lui fournit son passage dans des corps différents. Dans les intervalles
de sa réincarnation, elle trouve aux enfers la modification nécessaire à son épanouissement
et à sa purification.
Seuls, les initiés aux mystères Orphiques,
les mystes, c'est à dire ceux qui connaissent les formules magiques qui permettent de passer d'un corps
à un autre, de la vie animale à la vie de béatitude, peuvent prétendre un jour au salut
définitif de leur âme.
Les mystères orphiques accordent aussi à
l'âme des adeptes une sorte de baptême au lait de chevreau qui les prépare et les ouvre à
la vie éternelle et bienheureuse, tout en leur laissant par ailleurs le libre arbitre entre le bien et le
mal.